Le musée Goya de Castres vient de rouvrir ses portes après 3 ans de travaux.

C’était clairement l’évènement à Castres, samedi 15 avril dernier. Le musée Goya, dédié à l’art ibérique a rouvert au public après de gros travaux de rénovation et d’agrandissement. Ce sont un peu plus de 4700 personnes qui ont poussé les portes de ce lieu culturel incontournable de Castres, le week-end du 15 et 16 avril. Il faut dire que la mairie avait souhaité marquer ces retrouvailles avec les visiteurs.

Animations et gratuité

La ville de Castres était fière de rendre enfin le musée Goya à son public. Et pour faire de ce rendez-vous une véritable fête, elle avait tout prévu ! Et ce autour d’un seul mot d’ordre : la gratuité. Ainsi, les visiteurs ont pu accéder au musée samedi et dimanche sans avoir à débourser un centime. 4739 personnes venues du Tarn, de Toulouse, d’Occitanie et même d’Espagne, en ont profité. Soit en visitant de manière libre soit en suivant des visites guidées de l’exposition temporaire de Miró ou autour de 10 chefs d’œuvre de l’exposition permanente. Une visite sensorielle au fil des salles du musée était aussi proposée par une membre de la compagnie « L’arbre du dire et du geste ». Aucun profil de visiteur n’était laissé de côté : des jeux de pistes étaient notamment organisés pour les enfants, ainsi que des espaces coloriages et même des démonstrations des techniques de gravure. Le public a pu aussi profiter d’expositions dans l’enceinte du musée. Celle de Laurent Frézouls, photographe, qui a montré ses clichés des travaux de ce lieu culturel ou encore celle d’élèves d’établissements scolaires castrais qui ont participé à un projet pédagogique sur le musée.

En se baladant dans Castres, bien plus de personnes encore ont pu apercevoir ou admirer d’autres animations en lien avec le retour du musée Goya. Les commerces ont par exemple été invités à parrainer une œuvre du musée dont ils ont pu exposer une reproduction dans leur vitrine. Du côté du jardin de l’Évêché, les élèves de l’école municipale des beaux-arts ont exposé leurs travaux inspirés d’œuvres du musée. Depuis ce même jardin à la française qui fait également la réputation de Castres, il a été possible d’admirer le spectacle son et lumière projeté sur la façade du musée. Ce mapping envoûtant joue d’ailleurs les prolongations. Il est à voir jusqu’au 8 mai. Enfin, au théâtre municipal tout proche, un spectacle de flamenco a été présenté au public le dimanche après-midi.

Côté officiels, la presse locale et la presse spécialisée ont eu la primeur de visiter le bâtiment entièrement repensé et refait à neuf, quelques jours avant l’ouverture officielle. Et bien sûr une inauguration en grande pompe a eu lieu le vendredi 14 avril au soir, en présence des autorités et personnalités politiques locales telles que le maire de Castres Pascal Bugis, le Préfet du Tarn François-Xavier Lauch, la présidente de la région Occitanie Carole Delga ou encore le président du conseil départemental Christophe Ramond.

Plus grand, plus beau

Le musée Goya version 2023 n’a rien à voir avec celui d’avant la rénovation. Si l’on retrouve bien la collection déjà présentée auparavant, la sensation de changement est telle que l’on pourrait presque croire que l’on ne visite pas le même musée. C’est dire si ces 3 années de travaux ont été mises à profit pour revoir entièrement l’esthétisme des pièces, leur agencement, la scénographie, les lumières etc. D’ailleurs « On a tout revu » était le slogan mis en place sur toute la communication réalisée par la ville de Castres. Cette rénovation conséquente a démarré sous la direction de l’ancien conservateur du musée Goya. En 2021,  il a pris sa retraite et Joëlle Arches, sa remplaçante, a hérité de ce dossier plein de challenges ! L’un d’eux était notamment de garder une connexion entre le musée, le cadre historique des alentours et le jardin de l’Evêché. Deux ans plus, tard, on peut le dire, le pari semble réussi. Le seul musée en France entièrement dédié à l’art espagnol offre désormais un formidable écrin aux œuvres qu’il expose.

La surface d’exposition est passée de 700 m² à près de 1300 m². Au total, ce sont plus de 600 œuvres qui sont présentées dans les 23 salles d’expositions. Ces dernières sont divisées en deux parties, celles du rez-de-chaussée dédiées aux expositions temporaires et celles du 1er étage où l’on retrouve la collection permanente. Pour gagner toute cette place supplémentaire, le nouveau musée a pris ses quartiers dans d’anciens espaces qui accueillaient jusqu’alors des services municipaux de la mairie. Il s’est donc étalé dans les coulisses de ce magnifique bâtiment ayant été le palais épiscopal à l’époque où Castres était un Évêché. Mais au-delà de l’agrandissement, le chantier a été colossal sur bien d’autres aspects : la toiture, les façades, l’éclairage, l’accessibilité…  Le chauffage et la climatisation ont aussi été particulièrement étudiés pour garantir une température et une hygrométrie idéales. Si l’on prend en compte la totalité du chantier du bâtiment (même ce qui ne concerne pas directement le musée), l’investissement représente pas moins de 15 millions d’euros.

La collection permanente est à découvrir au fil d’un parcours à travers le temps, du Moyen-Âge jusqu’à nos jours. On ressent la volonté de mettre en lumière, sans fioritures, les peintures, sculptures et autres objets exposés. Elles prennent place et ressortent de manière aérée sur des murs aux couleurs sobres et élégantes. Ce qui marque le plus c’est ce parti pris de la proximité avec les œuvres. La grande majorité d’entre elles ne sont pas cachées derrière des vitrines et se situent à hauteur d’Homme. Le visiteur peut vraiment s’approcher au plus près pour s’imprégner du moindre détail, pour s’immerger encore un peu plus dans l’univers des artistes. Attention évidemment : si vous êtes trop près, avec un risque de toucher l’œuvre, un système de sécurité via un signal sonore, viendra vous le signaler. Quant aux œuvres de Francisco de Goya (« La Junte des Philippines, « l’Autoportrait aux lunettes » et « le Portrait de Francisco del Mazo »), habilement mises à l’honneur à mi-parcours, elles ne représentent finalement qu’une petite partie de cet ensemble artistique. De nombreux autres peintres sont mis en lumière comme Vélasquez, Dalí, Miró, Picasso, Tàpies etc.  A noter aussi, une chose rare dans un lieu culturel de ce calibre, une salle est entièrement dédiée aux donateurs du musée.

De 1840 à … ?

Le palais épiscopal qui abrite désormais le musée Goya a été construit entre 1669 et 1773. Ce n’est qu’après la suppression de l’évêché de Castres qu’il entre dans le patrimoine immobilier de la commune. En 1840, c’est la naissance officielle du musée. Quelques œuvres font leur apparition. 54 ans plus tard Pierre Briguiboul fait don de la collection de peintures de son père à la ville. Ce dernier, le dénommé Marcel Briguiboul, était un amateur d’art et lui-même peintre. Parmi les toiles de sa grande collection, il y en a trois qui sont signées Goya. Et c’est là que l’histoire entre le peintre aragonais et le musée castrais est née. Petit à petit, le musée a confirmé sa spécialisation dans l’art hispanique. La décision est donc prise en 1947, de le baptiser « Goya ».

Au fil des années, le musée a créé des liens avec de nombreuses autres institutions culturelles et notamment avec le musée du Louvre. Celui-ci a déposé 40 œuvres au musée castrais dont 17 qui font partie de l’exposition permanente. Cette collaboration avec le musée parisien s’est renforcée ces derniers jours avec la signature d’une convention. Elle va encadrer le prêt d’œuvres ainsi qu’une une master-class en juillet 2023, dans la sous-préfecture tarnaise, dédiée à l’art espagnol au cours des 16ème et 18ème siècle. Enfin, il s’agira aussi de préparer l’exposition commémorative du bicentenaire de la mort de Francisco de Goya qui aura lieu en 2028.

Quant au musée Goya, il va certainement connaître encore un « agrandissement » dans les prochains mois. Mais cette fois, ce sera en dehors de ses murs. La mairie de Castres a conservé une surface de 600m2 dans les anciens bâtiments du collège des cèdres.  C’est là qu’elle a prévu de créer de nouvelles salles d’expositions temporaires pour le musée castrais. Pour l’instant nous n’avons aucune indication sur le calendrier de ce projet mais nul doute que cela permettra au musée de briller encore un peu plus dans sa ville, nationalement et même internationalement.

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