Un lieu inédit de culture va voir le jour à Boissezon : Le Pan’art.

Ce qui n’était qu’à l’état d’idée, il y a encore quelques jours, a pris un tournant beaucoup plus concret tout récemment. Un financement participatif a, en effet, été mis en ligne pour mettre l’initiative sur les bons rails. Et le premier palier, celui nécessaire pour la réalisation du projet, a été atteint le week-end dernier.  Le Pan’art va donc voir le jour, c’est une certitude. Retour sur un projet audacieux.

La culture sous toutes ses facettes

Si l’on s’intéresse au nom choisi pour ce lieu culturel, on comprend déjà où les porteurs du projet veulent en venir. On y retrouve deux termes. D’abord « Pan », dont la racine est grecque et qui veut dire « tous ». Puis, « art » dont vous comprenez aisément le sens. « Pan’art » signifie donc « tous les arts ». Pour Pierre Clanet, à l’origine de l’idée, cela reflète parfaitement le lieu : « Ce qu’on veut faire c’est un centre culturel  avec un mélange des genres, un mélange des styles. Créer un lieu de vie en cœur de village, un endroit où on se retrouve après tout ce qu’on a vécu récemment ». Et dans cet espace qui sera une première dans le Tarn Sud, il s’agira d’envisager la culture sous tous ses aspects. Ainsi, on pourra y retrouver :

  • Un café → Ce sera le retour d’un tel commerce à Boissezon. Il n’y en a plus actuellement. « On le veut culturel parce qu’il va accueillir la médiathèque du village (qui est pour l’instant dans les locaux de la mairie) et parce qu’on y retrouvera des expositions temporaires. On veut jouer sur l’itinérance des expositions qui est revenu à la mode avec la crise sanitaire. Les grands musées aiment exposer en dehors de leurs murs. » indique Pierre Clanet.
  • Un espace coworking → Composé de bureaux et de salles de réunions, il sera doté de la fibre. Un tel outil facilitera l’installation de jeunes entreprises ou d’auto-entrepreneurs et leur permettra de bénéficier d’une adresse postale.

  • Un espace coworking artistes → Les artistes pourront créer ensemble et avoir un lieu d’expression libre. L’idée est qu’ils puissent, par la suite, exposer dans les galeries de Boissezon qui sont nombreuses grâce à l’association Arts Passion.
  • La Micro-Folie → Il s’agit d’un programme lancé par le Ministère de la culture il y a 2 ans et porté par le parc de La Vilette à Paris. L’idée est de décentraliser la culture pour rendre accessibles les belles et grandes expositions ailleurs qu’à Paris ou dans les grandes villes. Une Micro-Folie ça prend la forme d’une de salles de projections dans laquelle ont peut accéder à toutes les collections des musées partenaires (Le Louvre, le Quai Branly, le musée d’Orsay…). Tablettes et casques de réalité virtuelle viennent apporter une immersion complète dans les musées en question. « Ce serait la première Micro-Folie du Tarn. Elles sont assez peu développées en Occitanie (il y en a une dizaine seulement seulement). Et derrière, il y a un aspect événementiel très intéressant. Entrer dans le réseau Micro-Folie c’est entrer dans le réseau de La Vilette qui organise des événements. Les artistes programmés là-bas sont amenés à faire le tour de France des Micros-Folies et viendront donc à Boissezon. » explique Pierre Clanet.

L’emplacement…comme une évidence

Boissezon a une image de marque qu’elle travaille depuis des années : celle de village d’artistes. Et ce, grâce à l’action de l’association Arts Passion. Depuis peu (depuis la crise sanitaire), la municipalité a su créer une nouvelle dynamique en accueillant de nouveaux créateurs et en favorisant l’émergence d’initiatives. On peut prendre l’exemple de la création du  Quartier 12 (un laboratoire de performance électro) ou encore de l’installation de l’atelier tattoo Zephyr, du groupe électro La Poche Rose, de la compagnie de théâtre La Grande Mêlée.
A Boissezon, tous les arts cohabitent déjà. C’était donc l’endroit idéal pour la création d’un lieu multiculturel. « Nous sommes en milieu rural, proche de la nature mais en même temps tout près des deux principales villes du bassin. Il n’y a que 15km, environ, qui séparent Boissezon de Castres et Mazamet.«  rappelle Pierre Clanet.

Et quand on se balade dans le village, on se replonge dans le passé industriel du village. Les anciennes usines sont nombreuses. C’est l’une d’entre elles qui accueillera le Pan’art. Ce bâtiment appelé « Le Moulin » est situé en plein cœur de Boissezon, dans un méandre de la rivière la Durenque. Cette proximité avec l’eau vient ajouter un charme supplémentaire au lieu.
La bâtisse n’était autre que l’usine Maraval au 20ème siècle. Elle est devenue plus tard une usine de céramique qui a fermé en fin 2016. Depuis, l’endroit n’est plus utilisé mais reste dans un très bon état malgré l’absence d’entretien. Sur 2 niveaux, il fait environ 800m2. Notez que de nombreuses céramiques sont encore présentes au « Moulin ». Une grande vente de ces stocks est organisée, sur place, du vendredi 10 au dimanche 12 septembre par la mairie.

Le futur espace de coworking artistes du Pan’art encore plein de souvenirs de l’ancienne usine de céramique.

Une association porteuse du projet, mais pas seule…

Pierre Clanet, n’est autre que le président de l’association Cerberus créée début 2021. C’est elle qui porte ce projet de site culturel dans le Tarn Sud. Lucie Grémy (trésorière) et Quentin Paradis (secrétaire général) viennent en compléter le bureau. Autour d’eux, ils ont réussi a fédérer déjà plus de 50 adhérents. Cerberus a pour vocation d’organiser, soutenir et accompagner des projets, des événements et des manifestations à visée culturelle. Elle souhaite faire de la culture et du patrimoine, des clefs pour faire rayonner le territoire, ses habitants et leurs initiatives. Parmi les projets soutenus, il y a l’application Voies du Tarn dont nous avions parlé dans un précédent article et qui est laissé, pour le moment, en stand-by pour des raisons financières.

Mais pour la naissance du Pan’art, l’association n’est pas seule. Elle a construit le projet, main dans la main, avec la commune de Boissezon. C’est d’ailleurs une rencontre avec Yannick Tonon, conseiller municipal surnommé Synergie-man, qui en a permis l’émergence. « Il m’a montré le village et un bâtiment précis qui selon lui méritait une nouvelle vie. » raconte Pierre Clanet. « Avec la mairie, on porte le projet de manière bicéphale. On avance ensemble, on se fait une confiance mutuelle. C’est génial quand le public et le privé se rencontre et travaille de manière intelligente, avec bon sens. » poursuit-il.
De manière plus concrète, la commune est propriétaire du « Moulin ». Elle le mettra à disposition à titre gracieux pour l’association. En contrepartie, cette dernière doit s’occuper des travaux, de faire vivre le lieu et de le développer.

Les deux à gauche : Quentin Paradis et Pierre Clanet de l’association Cerberus. Les trois à droite : Yannick Tonon, Pierre Aussillou et Jacqueline Cabrol respectivement conseiller municipal, 2ème adjoint au maire et Maire de Boissezon.

Au delà de ce soutien municipal, le Pan’art pourrait bien bénéficier de l’aide d’autres collectivités. Le département et la région Occitanie se seraient déjà prononcés en faveur d’un partenariat. C’est particulièrement pour la réalisation de divers travaux que le coup de pouce est attendu. L’association espère également que la communauté d’agglomération Castres-Mazamet se montrera intéressée.
Cerberus va aussi se charger de répondre à des appels à projets pour obtenir des subventions. Selon Pierre Clanet : « On coche beaucoup de cases avec notre projet (ruralité, aux portes des villes, culturel, lieu de vie, revitalisation du territoire… ) et c’est galvanisant de se dire que le projet va servir au Tarn Sud en en général ». Enfin, l’ambition est aussi de séduire les entreprises qui pourraient soutenir le projet financièrement ou même investir le lieu pour des événements privés.

Un financement participatif en cours

Comme toujours, l’argent est le nerf de la guerre. C’est la raison pour laquelle, Cerberus est passé par une cagnotte en ligne qui prendra fin le 29 septembre prochain. Et c’est pour l’instant un succès puisque le premier palier fixé à 7000 euros a été atteint ces jours-ci. Grâce à cet argent, le « Pan’art » va pouvoir prendre vie et les premiers changements architecturaux peuvent être imaginés.

D’autres paliers sont établis, jusqu’à 14 000 euros. Avec cette enveloppe les premiers travaux pourront être réalisés, la micro-folie pourra être aménagée, les banques verront un apport conséquent garant de sérieux et une manifestation avec tous les acteurs culturels de Boissezon pourra même être financée.

Pour faire un don c’est ici : https://fr.ulule.com/le-panart-coeur-de-vie-pour-coeur-de-village/.  Pour information, l’association Cerberus est reconnue d’intérêt général. Vous pouvez donc bénéficier de 66 % de réduction d’impôts si vous faites un don en tant que particulier. C’est 60 % de réduction d’impôts pour les entreprises.

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