Yucca Editions : une histoire qui dure !
Le 9 avril 2013, « Yucca Editions » sort de terre. Un peu plus de 10 ans plus tard, cette association tarnaise basée à Carmaux est désormais bien plus qu’une simple maison d’édition.
Une décennie déjà…
C’est après la publication de son deuxième livre que Stéphanie Chaulot s’est aventurée dans l’univers de l’édition. Celle qui est auteure parcourrait déjà les salons à l’époque. C’est dans l’un d’eux qu’elle a fait la connaissance de Daniel Pagès, un autre écrivain. Une rencontre qui l’a confortée dans son idée d’ouvrir sa propre maison d’éditions. Ils se sont lancés ensemble, accompagné du mari de Stéphanie et de personnes pour intégrer le bureau nécessaire à toute association.
Un bureau qui vient d’ailleurs de changer pour les 10 ans de Yucca. Comme pour donner un second souffle et annoncer que la dynamique est prête encore à durer, sans jamais faiblir. L’aventure place d’ailleurs l’humain au cœur du projet. « On vient notamment d’intégrer une jeune bénévole qui a commencé par participer à mes ateliers d’écriture et qui maintenant est secrétaire adjointe au bureau de Yucca. Elle travaille dans l’édition. La nouvelle trésorière est aussi une membre de notre comité de lecture depuis 8 ans. » raconte Stéphanie. Il y a donc fort à parier que la maison d’édition publiera beaucoup d’autres livres après la trentaine déjà édités. Le dernier en date est « La part des anges » de Constance Dufort. Il est en sélection pour le prix national « Tatoulu », le prix littéraire des jeunes lecteurs.
Un univers précis et quelques fiertés
« Yucca Editions » a fait le choix de se spécialiser dans les romans jeunesse et dans les livres de voyages. Les livres d’arts croisés photographiques (comme « Women« , un livre-photos au profit de la ligue contre le cancer, auquel nous avions déjà consacré un article) font aussi parti du catalogue depuis quelques années. C’est quelque chose que l’équipe de « Yucca Editions » développe de plus en plus, notamment au travers d’une collaboration avec Olivier Veyret. Plus généralement, tous les projets de la structure doivent répondre à une certaine sensibilité, un engagement. « Nous on est orienté vers le social, l’écologie etc. » précise Stéphanie Chaulot.
Parmi les auteurs phares de la maison d’édition, il y a notamment Daniel Pagès. Parce qu’il fait partie de l’équipe créatrice de Yucca mais aussi parce que l’écrivain a été édité également dans d’autres maisons. C’est signe que ses œuvres, majoritairement des romans jeunesse liés à la mer, sont de qualité. Chez les femmes, on peut également parler de Mary Aulne (son portrait est à lire ici) qui a fait un bon bout de chemin depuis sa première collaboration avec Yucca sur « Le prince des autres contes » en 2015. « Les deux ont eu des prix chez nous. Mary est maintenant éditée chez « Les enfants rouges », une grosse maison d’édition. Elle a un très beau parcours. » résume, avec contentement, Stéphanie Chaulot.
L’attrait de la diversité
Assez rapidement, l’envie de faire plus que d’éditer des livres est apparue chez « Yucca Editions ». Il y a par exemple les ateliers d’écriture que Stéphanie propose. Elle est même allée jusqu’à monter une résidence de territoire, l’année dernière, qui a regroupé près de 100 enfants. Un livre est né de ce rassemblement. Il s’appelle « Regards d’enfants ». Les photos que l’on retrouve à l’intérieur seront exposées au café de la Préfecture d’Albi, en août et en septembre. Ce genre de projets multiculturels est amené à se développer au sein de la structure. D’ailleurs l’association a changé son objet au début de l’année pour coller à ces nouvelles aspirations.
Un autre gros projet est également au programme pour 2024. Cette fois, cela se passera sur scène : entre lecture, musique, musique et photographie. « Cela va s’appeler « Migrant(e)s ». C’est très engagé. En arrière plan on suivra un personnage en photo qui se balade en France et qui croisera des migrants. Moi, je serai sur scène et je vais lire des témoignages imaginaires de gens issus de la migration (basés sur de vraies expériences). À mes côtés, Fadila Achir, une musicienne bourguignonne et algérienne, chantera. Cela va durer 50 minutes. » explique Stéphanie Chaulot. Voilà une œuvre qui nécessite des mois de travail (retrouver ci-dessous la musique d’introduction composée pour elle). « Migrant(e)s » a, en plus, vocation à être bien plus qu’une performance scénique. Elle pourrait par exemple avoir une vie dans le cursus scolaire. Un livret et une exposition devraient également en ressortir.
10 ans d’existence dans ce milieu, en étant une petite structure, relève presque de l’exploit. Ces derniers temps, le Covid a, comme un peu partout, ajouté des difficultés là où il n’y en avait pas besoin. Mais Yucca a su résister aux intempéries et s’est relevée. Il y a eu des sacrificies, la grande majorité du travail est réalisé grâce au bénévolat. Il n’y a d’ailleurs plus de salariés aujourd’hui dans la structure. « J’étais salariée mais maintenant je suis indépendante pour pérenniser l’association. On fait tous un peu plus d’heures, on donne tous du notre, on est tous passionnés. » assure Stéphanie Chaulot. Dans une époque où les gens lisent de moins en moins, il est nécessaire de se diversifier pour perdurer. Yucca, guidé aussi par des raisons éthiques, a parfaitement réussi dans cette tâche.
*Crédits Photo en-tête : Olivier Veyret ©