Depuis quand avez-vous quitté la France ? 

Je suis partie à mes 18 ans de Castres pour rejoindre Londres. J’y suis allée dans le cadre de mes études pour un an, pour apprendre l’anglais. Ensuite je suis rentrée en France puis je suis allée aux Etats-Unis. Maintenant, cela fait 4 ans que je suis revenue à Londres. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à partir à l’étranger ? 

J’ai toujours voulu travailler dans l’univers des relations presse et du journalisme. Je m’étais dit que je voulais le faire en anglais. Je voulais vraiment mieux maîtriser la langue anglaise. De mon point de vue, en France, ce que l’on apprend en langues étrangères est assez limité. Rien n’est plus efficace que de se mettre dans le bain, de parler tous les jours en anglais plutôt que de prendre des cours et reparler français dès que l’on rentre à la maison ou que l’on voit ses amis. La progression est bien plus énorme quand on est vraiment dans un contexte anglais autour de nous.  Donc, ce qui m’a poussé à partir à l’étranger, c’est clairement la langue.

Pendant ma première année étudiante, je suis vraiment tombée amoureuse de Londres et je me suis toujours dis qu’un jour j’y retournerai mais pour travailler, pour vivre ma vie de jeune adulte et c’est ce que j’ai fait. Je me suis aussi rendu compte que ce qui me plaisait à l’étranger c’était de faire des rencontres. A Londres, qui est une ville très cosmopolite, j’ai fait connaissance avec des gens qui venaient du monde entier. J’avais aussi envie de sortir de ma zone de confort, je voulais voir autre chose, découvrir une nouvelle culture.  

Pensez-vous rester longtemps à Londres ?  

Je vais être contrainte et forcée de rentrer en France. S’il n’y avait pas eu le Brexit et le virus, je pense que oui je serai restée au moins jusqu’à mes 35 ans. Mais là, avec les circonstances actuelles, j’ai prévu de revenir vivre en France, en mars 2022 . Où exactement, je ne sais pas. J’espère dans le Tarn mais ce sera peut-être un peu compliqué, niveau opportunités de travail.

Margaux se promenant à Londres

Justement, quels sont vos projets futurs ?

M’installer en France, c’est une certitude. C’est-à-dire acheter une maison et faire ma vie où je serai. J’ai vraiment envie d’avoir mon chez moi, de ne plus être locataire mais propriétaire. C’est un énorme projet que je ne peux réaliser qu’en France. À Londres c’est plus compliqué car l’immobilier coûte très cher et à moins d’être millionnaire vous ne pouvez pas acheter une maison comme vous le voulez. 

Comment faire pour vivre à Londres avec tous ces prix élevés ?  

Bien travailler (rires). Après les prix sont élevés mais le salaire est en conséquence. Le salaire moyen en Angleterre est plus élevé que le salaire moyen en France. Il faut choisir aussi les bons métiers. Ceux qui travaillent dans la finance peuvent s’offrir une vie sympa. Ce qui est vraiment bien ici et qui va me manquer quand je serai en France, c’est qu’il y a des promotions très souvent. On peut en avoir une d’une année à l’autre avec une augmentation de salaire. Les Anglais laissent la chance plus facilement qu’en France. Donc il y a plus de possibilités de gagner bien sa vie ici mais ça dépend effectivement des domaines d’activité. 

Qu’est-ce qui vous manque de la France ?  

Ma famille ! J’aimerais passer un peu plus de temps avec eux. Mes amis aussi ! J’ai plus d’amis proches dans le Tarn qu’ici à Londres et se sont principalement des amis de longue date, donc de vrais amis. Alors qu’ici se sont des connaissances avec qui je garderai surement le contact mais ce ne sont pas vraiment des amis. Ensuite, ce qui me manque ce sont les valeurs françaises, tarnaises, que j’ai plaisir à redécouvrir à chaque fois que je rentre. Je me sens aussi peu plus enfermée à Londres, dans une grosse ville avec beaucoup de bruit, beaucoup de pollution, peut-être que je vieillis mais j’ai plus trop envie de tout ça, de toute cette agitation.  

A Londres, côtoyez-vous plus souvent d’autres français ou plutôt des locaux ?  

J’ai rencontré des deux. Les locaux, s’ils vous aiment bien de suite il n’y aura aucun souci pour être leur ami, pour garder contact, pour aller boire des verres. Sinon, c’est vrai qu’ils sont assez fermés au final. C’est très surprenant mais ils restent entre anglais. C’est ce qu’on reproche beaucoup aux français mais finalement ils sont pareils. Je rencontre aussi beaucoup d’expatriés. Par exemple, j’ai un couple d’amis français qui habite juste à côté de chez moi. Mon ancienne coloc était aussi française. J’ai aussi des amis européens mais pas forcément anglais. Moi c’est ce qui me plaît le plus parce qu’on découvre d’autres cultures, d’autres mentalités. Mais la plupart de mes connaissances sont françaises et on se retrouve souvent entre nous, ça c’est une certitude.

Pour la petite anecdote, j’ai eu un problème avec la plomberie dans mon appartement et j’ai inondé mon voisin du dessous. Je ne le connaissais pas du tout et il est venu me prévenir que je l’avais inondé. Il s’appelle Vincent, il est français et il est né à Bout-du-Pont-de-Larn (ndlr : dans le Tarn, à côté de Mazamet). Comme quoi le monde est super petit.

La tour la plus haute de Londres : « The Shard » (310m)

Parlez-vous souvent de vos origines, du Tarn ou de la France aux londoniens ? 

Oui ! Ils sont curieux de savoir d’où je viens, de ce qui se fait en France. Ils demandent souvent si c’est vrai qu’en France, quand nous mangeons, nous parlons déjà du repas d’après ou de nourriture. Je leur parle évidemment du Tarn et de la chance que j’ai d’être originaire de ce département. On est très bien placé, on n’est pas loin de la mer, de la montagne et les villes comme Albi sont très jolies à voir. Les Anglais sont à l’écoute et me posent pas mal de questions sur l’endroit d’où je viens parce qu’en plus le Tarn ce n’est pas forcément la région de France la plus connue ici. Ils sont super intéressés mais ce qui revient le plus souvent sont des questions sur Paris, des questions sur la France ou bien des grandes villes comme Lyon, Bordeaux ou Toulouse. Souvent quand je dois dire de quelle ville je viens, je ne dis pas Castres, je dis Toulouse mais je me suis rendue compte que Castres était, malgré tout, connue grâce au rugby.  

Que pensent les Anglais de la France ? 

Les anglais vont souvent être un peu taquins (rires). Il y a forcément la rivalité franco-anglaise qui est un peu marquée. Les Anglais vont souvent essayer de nous embêter, de trouver le point sensible sur lequel appuyer. Par exemple : le cliché qui consiste à dire qu’on râle souvent, qu’on est hautain, qu’on veut seulement parler français… Mais par la suite, quand je parle de ma région et que je casse les idées reçues, ils se disent qu’ils aimeraient bien venir. Ce que les anglais aiment dans ce que je raconte de la France, c’est le côté nature, avec les montagnes, la mer pas loin. Ça ils adorent parce qu’à Londres c’est ce qu’ils n’ont pas et puis il ne faut pas oublier qu’ils sont sur une île. Ce n’est pas non plus très bien situé. Ils sont aussi fascinés par l’idée qu’on puisse manger très bien pour vraiment pas cher contrairement à ici où c’est cher et pas bon. 

Conseilleriez-vous à un français de venir s’installer à Londres ou en Angleterre ? 

Je me vois mal conseiller de ne pas venir à Londres ou à l’étranger en général. À mes yeux, il faut vivre cette expérience, je pense que c’est important et très enrichissant. J’ai vraiment passé des années formidables ici. J’ai rencontré des gens que je n’aurais pas pu rencontrer en France. Ça m’a beaucoup appris et ça m’a fait devenir plus indépendante. Quand j’ai eu des galères, même si ce n’était pas ma langue, ce n’était pas grave, il fallait s’adapter et je pense que si on sait s’adapter tout seul face à n’importe quelle situation, on s’en sort. Donc oui je le conseille fortement.

En revanche, s’installer avec une famille, des enfants, ici avec le Brexit, je vous le conseillerai moins. 
Il n’y a pas encore assez de recul avec le Brexit puisqu’il faudra un visa à partir de juin. Pour l’instant, la carte d’identité ou le passeport suffisent. Si un Français veut s’installer à Londres, il faut qu’il le veuille vraiment et qu’il soit déterminé. Il faudra que ce soit un souhait très fort de venir s’installer. Le Brexit ne va pas rendre les choses faciles mais je le conseillerai quand même, surtout aux jeunes. Je pense qu’il sera toujours possible de venir avec un visa quelques années ici. Malgré ce qu’il se dit en France, l’Angleterre ne se ferme pas complètement.

Londres vu d’en haut d’un building

Comment les Anglais vivent la situation sanitaire actuelle ? 

Ils ne la vivent pas, ils la subissent…tout comme en France. Je ne peux pas répondre pour le pays tout entier mais concernant Londres, ça fait bizarre pour tout le monde. La ville est complètement éteinte. Il n’y a plus de pubs, il n’y a plus de magasins, il n’y a plus de restaurants. Il n’y a plus cette effervescence qu’il y avait avant le virus alors que quand on vient ici, c’est justement pour ça que l’on vient. La capitale est un peu morte.

Contrairement à la France, même si on est en plein confinement, si on veut aller faire des courses ou sortir de chez soi, on n’a pas besoin d’attestations. On sort comme on veut. Il n’y a pas de contrôles de police. On n’est pas obligé de porter le masque dans la rue donc tout le monde est sans masque. Il faut quand même le porter dans les endroits fermés.

Au niveau économique, il est évident que ce n’est pas top parce que ça vient s’ajouter au Brexit. Par exemple, je vais bientôt changer d’appartement parce que les prix des loyers ont chuté. C’est bien la preuve qu’il se passe quelque chose au niveau économique. C’est vraiment les soldes en ce moment ! J’ai qu’une chambre et pas d’espace extérieur. Pour le même prix je vais avoir deux chambres et un espace extérieur dans un très beau quartier. C’est du jamais vu et ce n’est pas forcément très bon signe. Je pense que les Anglais ont peur de la situation économique, ils ont peur de s’enfermer encore plus sur leur île avec le Brexit. En tout cas pour ceux qui n’ont pas voté pour, je pense que c’est vraiment une appréhension. 

Tower Bridge

Parlez-nous un peu du rapport qu’ont les Anglais avec la famille royale… 

Les Anglais tiennent énormément à la reine. Malgré cela, on ressent une réelle différence entre les anciennes génération et la nouvelle génération. Les anciennes regardent très souvent ce que fait la famille royale, par exemple le choix de Harry et Meghan (Markle) de quitter leurs fonctions officielles au sein de la famille royale, ça les a beaucoup choqués. Les Britanniques quand il y a un mariage royal, ils achètent les assiettes, les bols, tous les trucs un peu kitsch à l’effigie des mariés etc. Ils y tiennent vraiment parce que ça fait partie de leur culture. Le jour où la reine décédera, ce sera un drame national. La reine est une fierté parce que c’est une personne qui a traversé le temps, c’est un pilier de l’Angleterre.

La jeune génération se détache un peu de la famille royale. Mais je pense que Kate (Middleton) peut devenir la nouvelle icône. Elle est très jolie, elle s’habille bien, elle a fait des enfants magnifiques. Heureusement qu’elle est là car elle est appréciée contrairement à Camilla (Parker-Bowles) ou Meghan (Markle). Le mieux serait que quand Elisabeth ne sera plus là, son fils Charles donne directement le pouvoir au Prince William (marié avec Kate) parce qu’il est déjà âgé donc ce serait cohérent qu’il s’efface un peu pour leur laisser la place. Mais de ce qu’on connaît de l’égo et de la mentalité de Charles, je pense qu’il ne le fera pas. C’est là où les gens pourront décrocher parce qu’il est moins apprécié.  

Quelles sont les choses à voir à Londres et en Angleterre plus généralement ?  Que conseilleriez-vous à nos lecteurs ?

Souvent ce que j’aime bien c’est de sortir un peu de Londres et de découvrir d’autres endroits. Il y a la campagne anglaise qui est très jolie. Il y a des villes comme Bath, Cambridge, Oxford (avec leurs universités) qui ne sont pas loin. La campagne profonde est aussi très belle. J’y vais quand j’ai envie de calme. Vers Brighton c’est aussi très apaisant et puis ça change un peu de Londres. Sinon, dans la capitale, j’aime bien aller dans les parcs qui sont sublimes comme Richmond, Bishops ou encore Hyde Park avec le Kensington Palace. C’est très vert ici.
Et puis, tout simplement, boire une bonne bière entre amis dans un pub, faire du shopping… en ce moment ça me manque beaucoup !

La grande roue londonienne

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