Depuis plusieurs mois, des habitants de 3 communes du Centre Tarn se battent contre un projet éolien sur leur territoire.

Ils sont aujourd’hui une quarantaine à graviter autour de l’association « LLPP ( Lamillarié Lombers Poulan-Poulzols) préservons notre environnement » dont une quinzaine de membres actifs. Tout a démarré il y a quelques mois, quand ils ont appris, un peu par hasard, qu’une zone située principalement sur Lombers mais débordant sur Lamillarié et Poulan-Pouzols répondait aux critères d’installation d’éoliennes. Un promoteur planche particulièrement sur le sujet. De quoi rendre très inquiets les populations voisines.

Des craintes diverses

L’arrivée d’éoliennes, on le voit un peu partout en France, amène toujours un lot de questions et d’inquiétudes de la part des riverains. Hélène,  habitante du hameau St-Pierre de Conils à Lombers et membre de l’association LLPP est d’ailleurs très claire : « Nous sommes des habitants de ces communes rurales et nous sommes inquiets que notre cadre de vie, notre campagne puissent être détruits ». Le positionnement de ces potentielles futures éoliennes est évidemment le cœur du problème. « Nous ne comprenons pas très bien pourquoi cette zone a été identifiée. D’habitude nous voyons plutôt des éoliennes dans les montagnes, là où le vent souffle. Ici c’est un bas-fond, un petit vallon en bordure du ruisseau l’Agros. » explique Marie une habitante de Poulan-Pouzols, membre également de l’association. Le profil de l’emplacement est d’autant plus préoccupant puisqu’il induit que les éoliennes devront être très hautes (environ 150m de hauteur) pour capter au mieux le vent. « Cela va totalement défigurer le paysage et on les verra de loin. » se désole Marie. Retrouvez sur la carte ci-dessous, le lieu pressenti.

Les autres points négatifs pointés du doigt par l’association LLPP découlent, eux aussi, de la zone géographique identifiée. Il y a par exemple une école et une crèche à proximité. Les riverains craignent que cela puisse avoir un impact sur la santé des enfants inscrits dans ces établissements. Rappelons qu’en septembre dernier la justice a reconnu, pour la première fois en France, l’existence d’un syndrome éolien. C’était d’ailleurs pour un couple de Tarnais qui avait du déménager suite à l’apparition de symptômes à cause de la présence d’éoliennes à proximité de leur habitation. Mais il y a bien d’autres sujets d’inquiétudes pour les membres de « LLPP préservons notre environnement ». Hélène nous les liste : « Cela va amener à une dévaluation du foncier dans le secteur, cela va impacter des projets touristiques prévus dans la zone, cela va détruire des terres agricoles … et du point de vue biodiversité, la faune et flore seraient détruites. » (dans le coin il y a des passages d’oiseaux remarquables comme le Milan ou l’Elanion blanc notamment.).

Le scénario envisagé

Ce sont pas moins de 4 éoliennes qui pourraient voir le jour dans le vallon de l’Agros. Environ 30 hectares de terres agricoles seraient utilisés selon les calculs d’un élu opposé à l’installation de ces machines à produire de l’électricité. C’est un chiffre approximatif, pas officiel. Mais c’est sans compter les dommages collatéraux s’inquiète Marie de l’association LLPP : « Il va falloir agrandir les routes pour la construction du site et l’acheminement des éoliennes. Et puis, l’électricité produite, il va falloir la transporter jusqu’à Albi visiblement. Sans que l’on sache par où exactement. Tout ça, ce sont des aménagements qui vont amener à des destructions de paysages ».

En bleu la surface qui serait utilisée pour le parc éolien.

En septembre dernier, le promoteur éolien a organisé une réunion pour présenter leur intérêt pour cette zone située à cheval sur les villages de Lombers, Lamillarié et Poulan-Pouzols. Étaient présents des élus de chaque village et des propriétaires des terrains agricoles. « Ce sont des techniciens très compétents qui ont fait une démonstration remarquable. » estime amère, Hélène de l’association LLPP.  « Ils ont évidemment présenter leur entreprise de manière honorable avant d’évoquer l’intérêt financier pour les communes et pour les propriétaires. Vulgairement, on pourrait dire qu’ils vendent du vent et du rêve. » estime-t-elle. Car oui, il faut savoir que les installateurs d’éoliennes louent les terrains à leurs propriétaires  et il y a une rétribution financière prévue pour les municipalités concernées.  Dans le cas présent, l’exploitation du site serait envisagé pour 22 ans. « Qu’est ce qui se passe après ? Une fois qu’ils seront partis ce n’est pas eux qui vivront dans un quotidien détruit. » se questionne Hélène.

Pas encore un projet

Les membres de l’association « LLPP, préservons notre environnement » se seraient bien passé de ce combat. « C’est beaucoup de charge mentale et de travail dans des vies déjà très occupées. » déplore Hélène. Pourtant, ils peuvent s’estimer heureux d’avoir pris au sérieux, dès les premiers bruits, ce projet d’éoliennes. Un projet qui d’ailleurs n’en est pas un officiellement ! Car oui, à ce jour, aucun dossier n’a été déposé en ce sens auprès de la DREAL, des services de la Préfecture du Tarn. C’est d’ailleurs un argument dont se servent certains élus pour balayer le sujet d’un revers de la main. A la mairie de Lombers, par exemple, le discours est qu’il n’y a pas à se prononcer tant qu’il n’y a pas de projet à proprement parlé. « Nous sommes très inquiets de ce silence. Nous souhaitons que le village de Lombers se positionne clairement contre ces éoliennes. L’avis des élus est consultatif, certes, mais il pèse souvent dans la balance. C’est un courage politique que l’on demande. » affirme Hélène.

Une vue du site où pourraient être construite les éoliennes. A la frontière de Lombers avec Poulan-Pouzols. Au niveau des arbres le ruisseau Agros coule.

Certains élus concernés se sont toutefois d’ores et déjà positionnés. C’est le cas du maire de Poulan-Pouzols, Jean-Claude Madaule. Lors de la réunion de septembre organisée par le promoteur, il s’est dit défavorable à l’installation de ces éoliennes. « Il a estimé que cela impacterait pleinement les habitants donc il a fait le choix de dire non pour protéger sa population et les riverains. » raconte Hélène. La mairie de ce petit village devrait d’ailleurs accueillir prochainement une réunion voulue par « LLPP, préservons notre environnement ». Une réunion qui aurait pour but de mettre autour d’une même table les propriétaires des terrains convoités et les membres de l’association qui s’opposent à l’arrivée de ces éoliennes. « Le positionnement des propriétaires va bien finir par avoir lieu. Il faut que l’on puisse expliquer nos inquiétudes. Nous espérons les faire réfléchir et un peu apaiser les choses. » précise Marie.

Quoi qu’il en soit l’association compte bien suivre attentivement l’évolution de ce projet. Elle se documente beaucoup sur les éoliennes et l’impact que celles-ci ont sur l’environnement, la santé, les paysages etc. « Nous sommes déterminés et nous allons rester en veille attentive parce que nous vivons bien dans nos campagnes. Nous ne voulons pas gâcher cela. » affirme Hélène. L’association LLPP envisage aussi d’organiser, au cours de ce printemps, une journée conviviale sur le vallon de l’Agros pour faire connaitre à la population locale les attraits de cette zone menacée.

Une des dizaines de banderoles installées dans le secteur pour s’opposer à l’installation des éoliennes.

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