Les Mirliflores : les biscuits qui font voyager dans le temps
C’est la bonne idée de cette jeune entreprise tarnaise basée à Montans : allier la gourmandise et le patrimoine. Ce sont deux jeunes femmes qui la porte haut et fort. Élisa et Gwenaëlle ont lancé leur biscuiterie artisanale en 2017. Depuis, elles ne cessent de regorger de projets pour développer « Les Mirliflores ».
Au commencement : une rencontre
C’est sur les bancs de la fac que l’aventure a démarré. Élisa et Gwenaëlle, respectivement Tarnaise et Toulousaine, se sont rencontrées au cours de leur master en patrimoine après avoir obtenues leur licence d’Histoire. Des études qui les destinaient plutôt à travailler dans des musées, des châteaux etc. C’est d’ailleurs après de courtes expériences, chacune, dans des lieux culturels que leur idée a pris forme. « On s’est rendues compte que dans les boutiques de châteaux, musées… il n’y avait généralement pas d’alimentaire. Et si jamais il y en avait, ce n’était jamais lié à l’Histoire. » explique Gwenaëlle. Ni une ni deux, le duo a réfléchi à comment relier sa passion pour l’Histoire à celle que les deux femmes ont également en commun : la pâtisserie. Rapidement, le produit « biscuit » s’est imposé. Il faut dire qu’il cochait beaucoup de cases. « Ça se conserve bien, ce n’est pas très difficile à réaliser et surtout c’est la première pâtisserie de l’Histoire. » précise Gwenaëlle.
Cuisiner des biscuits c’est une chose mais comment joindre cette activité au patrimoine qu’elles aiment tant mettre en avant ? En réalisant des recettes historiques évidemment ! C’est avec cet aspect supplémentaire que le concept a pris réellement du sens. Gwenaëlle développe : « Ça nous permettait de raconter l’histoire du biscuit en général, l’histoire des biscuits choisis mais également l’histoire des ingrédients qui les composent ou de la pâtisserie à différentes époques ». « Les Mirliflores » se lance donc il y a 6 ans avec 4 premières recettes. Depuis, l’entreprise tarnaise en a créé deux supplémentaires. Les recettes couvrent une période allant du Moyen-Âge jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Ces dernières années, la société a également étoffé sa gamme de produits avec des thés, des infusions et des préparations pour chocolats chauds.
Gourmandise et connaissances font bon ménage
Vous l’avez compris, ces biscuits anciens permettent aussi d’apprendre des choses aux consommateurs. Chaque boîte est livrée avec un petit livret informatif. Il est traduit en anglais. Autant dire qu’entre le travail historique, l’élaboration de la recette et la réalisation du petit fascicule, chaque biscuit demande des mois de recherches. « On trouve nos recettes soit dans des livres, soit aux archives, soit sur des plateformes internet spécialisées. Après, vient la phase de test des dosages qui ne sont pas toujours précisés dans les sources. » confirme Gwenaëlle. « Notre but c’est aussi que ça se conserve un bon moment. Donc si on veut qu’un biscuit dure 9 mois, il faut attendre 9 mois après avoir trouvé la recette pour voir s’il est toujours bon. » ajoute Élisa . Les deux gérantes des « Mirliflores » essaient de sortir une nouvelle recette tous les ans. Côté ingrédients, inutile de préciser qu’elles travaillent autant que possible les produits locaux (la farine de blé vient de Rivières dans le Tarn, la farine d’épeautre vient de Haute-Garonne, les noisettes viennent du Lot-et-Garonne etc.). Les pâtissières fabriquent leurs biscuits elles-mêmes, de manière artisanale.
Aujourd’hui la marque produit plusieurs dizaines de milliers de boîtes de biscuit chaque année. Et si on demande aux créatrices des « Mirliflores » si elles ont pris un pari en alliant recherches, culture et pâtisserie, elles répondent que non ! « Certes, ça n’existait pas. C’est donc osé mais pas risqué. Le biscuit c’est un produit apprécié et on a choisi des recettes ou des goûts qui ont fait leur preuve. Le macaron par exemple, qui date du 17eme siècle ou encore la recette du Moyen-Âge qui est à la cannelle et aux amandes. » réagit Élisa.
Des cibles bien étudiées
Le plus osé finalement c’est l’une des cibles choisies pour la commercialisation. Le binôme a immédiatement eu en ligne de mire les lieux culturels pourtant frileux quand il s’agit de vendre de l’alimentaire. C’était aussi un moyen de garder un lien avec le milieu dont les deux jeunes femme viennent, comme le dit Élisa : « Travailler avec les lieux culturels, c’est pour nous une manière de faire de la médiation culturelle. Ce qu’on faisait avant mais désormais c’est avec des choses qui se mangent ». Chaque année ces biscuits anciens Made In Tarn investissent donc un peu plus les musées. C’est dans les boutiques de ceux-ci qu’ils prennent tout leur sens. La marque tarnaise a aussi collaboré avec des musées sur des opérations uniques. « On a notamment créé une collection pour le musée d’Orsay ou le musée de Cluny. On nous a demandé, par exemple, de créer une collection sur les peintres impressionnistes Monet, Renoir et Van Gogh… Donc en fonction de leurs œuvres, de ce que ça nous inspirait, on a réalisé des recettes spéciales. » raconte Élisa.
Bien sûr, en France, au delà des lieux culturels, « Les Mirliflores » développe aussi ses ventes via de nombreuses épiceries fines. Il est rare que les deux gérantes vendent directement aux particuliers même si elles ont une boutique en ligne sur leur site web. « On n’a pas de boutique, on ne travaille qu’avec des professionnels. Parfois on fait des marchés de Noël mais c’est tout. » précise Gwenaëlle. C’est en étant présente sur des salons que la marque se fait de plus en plus connaître. Le bouche à oreille fonctionne aussi très bien, signe que l’entreprise tarnaise propose des produits de qualité et a une démarche qui plaît.
Le duo aimerait maintenant se lancer à l’international. « Nos produits sont hyper français, recettes françaises, drapeau français tout ça… et les étrangers ils aiment beaucoup ça. » estime Élisa. C’est la raison pour laquelle, l’an dernier, le duo a participé à un salon aux Etats-Unis grâce à un programme de la Région Occitanie. Objectif : entrer dans les boutiques de certains grands musées du pays ou dans des magasins spécialisés. Et ça commence à prendre : les produits « Les Mirliflores » sont déjà en vente dans certains commerces américains. Le marché asiatique sera aussi étudié dans un deuxième temps.