Entretien avec Fabien Olicard, le mentaliste le plus connu de France.
L’artiste aux multiples casquettes sera sur la scène du Scénith d’Albi le 13 janvier prochain pour présenter son dernier spectacle : « Archétypes ». À cette occasion, Tarn Me Up vous a proposé, il y a quelques jours, un jeu concours dans le but de gagner 4 places pour assister à ce show unique. Et pour vous présenter un peu plus l’itinéraire et l’univers de ce mentaliste très suivi en France, nous avons pu l’interviewer. Rencontre.
Avant toute chose… qui est Fabien Olicard tout simplement ?
Je suis né dans la campagne de La Rochelle. Mes parents parents étaient artisans donc vraiment rien à voir avec le spectacle vivant. J’ai fait une scolarité classique jusqu’au bac et puis j’ai arrêté les études. Ça ne m’intéressait pas tellement… En Terminale, je préférais séchais les cours pour aller écouter les cours de psychologie à la fac en auditeur libre ! J’avais très envie d’apprendre un petit peu à la carte et ça ne m’a jamais quitté. Bon… quand on arrête les études il faut bien manger, donc je me suis lancé dans la restauration d’abord puis j’ai monté une société d’animation pour les anniversaires d’enfants à domicile. Par la suite, tout à fait par hasard, on m’a proposé de faire des conférences sur la mémoire, sur le cerveau parce que j’étais plutôt calé sur le sujet.
Quelques années plus tard, toujours par hasard et par les rencontres, j’ai eu l’opportunité de jouer dans un théâtre à Paris. Naturellement, j’ai voulu parler du cerveau du mentalisme, sauf qu’au lieu de le faire en conférence, j’ai voulu en faire un show rigolo. Je devais faire ça 3 mois et puis ça fait 11 ans… voilà ! J’adore faire ça tout simplement. Au bout de quelques années de scène, en 2016, je me suis lancé sur YouTube. L’objectif était d’écrire mon nouveau spectacle et je me suis donc lancé un défi créatif en réalisant une vidéo par jour sur la plateforme. Là encore, ce n’était pas prévu pour durer et 6 ans après je suis toujours sur YouTube (avec plus de 2 millions d’abonnés). À côté de ça, depuis 2017, j’ai également écrit 6 livres. A chaque fois, je traite toujours du mentalisme, du bluff avec une part de transmission, d’humour… Ce sont juste des formes d’expressions différentes. Je prends beaucoup de plaisir dans cette diversité.*
Comment est née cette passion pour le mentalisme ?
Petit, j’étais très intéressé par les livres de magie, les bouquins de sciences, les trucs comme ça… Je passais un petit peu ma vie dans cet univers. Pourquoi ça a résonné plus chez moi que chez un autre ? C’est un grand mystère. Il y a toujours un peu d’irrationnel dans les passions. Pourquoi untel préfère le foot, un autre le dessin ou celui-là la musique ? Difficile à expliquer. Ce que je peux quand même dire c’est que quand j’avais 8 ans, je suis tombé sur un livre de magie dans un vide grenier (« Cours Magica » de Robert Veno). Et le dernier chapitre parlait des forçages psychologiques, du mentalisme, du détournement d’attention, de la gestion psychologique d’un spectateur. Et ça, je trouvais ça génial !
J’étais fasciné par le fait de pouvoir bluffer les gens dès que je suivais un peu les mécanismes donnés par le livre et par le fait que les gens ne se rendaient pas compte des dessous de ce bluff. Pourquoi ils ne comprenaient pas que j’avais deux cartes dans les mains, que quand je disais tel mot je les incitais à me dire tel autre mot en retour ? C’était incroyable ! Et c’est pour ça que j’ai commencé à lire, très jeune, des livres sur le cerveau pour savoir un peu comment c’était fait.
Le cerveau c’est véritablement l’outil « clé » ?
Complètement ! Mais il est source de fantasmes. Quand on dit qu’on utilise que 10% de notre cerveau, c’est faux ! On en utilise 100%. Il n’y a pas de zone cachées et d’ailleurs on l’a plutôt bien cartographié. Mais le cerveau c’est un organe assez fascinant parce qu’il peut s’adapter, se remodeler si besoin. On connait sa puissance de calcul, on sait qu’il a une capacité de mémoire qui n’est pas infinie mais presque. En fait, c’est surtout le mode d’emploi qu’il nous manque. C’est surtout à notre époque qu’on le constate parce que si je prends l’exemple de la mémoire à l’époque des Grecs ou des Mésopotamiens, quand il n’y avait pas vraiment de quoi noter… eh bien eux ils avaient compris comment fonctionner la mémoire. Ils étaient capables de retenir des quantités d’infos astronomiques avec des méthodes relativement simples.
Ce sont ces mêmes méthodes que j’utilise aujourd’hui. De nos jours, ça impressionne alors que ce sont des astuces qui ont 2000 ans et qu’aujourd’hui on a perdu l’effort de mémorisation, on a perdu ce savoir. On a tous un cerveau mais pourtant c’est la partie de notre corps qu’on connait le moins bien. On est loin d’avoir terminé de le comprendre.
Comment on passe des conférences aux one-man show ?
Déjà dans les conférences, je faisais un peu marrer le public. C’est ma forme naturelle d’expression. Quand j’ai commencé à faire ces spectacles en 2011, j’ai écrit 3 numéros sur une feuille et je me suis dit que j’allais improviser autour. Ça fonctionnait assez bien parce que les gens n’avaient pas l’habitude, à l’époque, de voir un mentaliste donc il y avait ce côté un peu fascinant pour eux. Mais pour l’anecdote, à l’époque je faisais des scènes ouvertes à Paris pour remplir un peu mes salles et donc je voyais des humoristes jouer avec moi et là j’ai compris ce que c’était un texte et une mise en scène. Je me suis dit « eh bé y a du boulot » ! J’avais pas conscience de tout ça donc je me suis mis à aller jouer tous les soirs dans les cabarets, les petits plateaux parisiens et j’allais aussi voir des spectacles d’humour pour essayer de comprendre un peu la mécanique.
Comme j’aimais ça et que je voulais continuer à faire de la scène, j’ai tout fait pour le faire bien. Il a fallu que je trouve une méthode, ça n’existait pas vraiment, pour réussir à faire un spectacle où je bluffe les gens, où je veux les faire marrer tout en transmettant un peu d’info, un peu de pédagogie. Et pour y arriver, je suis parti sur l’idée d’un corps humain. Dans un spectacle, il faut un moment émotionnel, c’est le cœur. Il faut qu’il y est des muscles, ce sont les moments de bluffs qui font avancer le spectacle. Il faut qu’il y ait des organes, ce sont les moments de transmission. Puis il faut qu’il y ait un squelette pour faire tenir l’ensemble et enfin je recouvre tout ça d’une peau et la peau c’est l’humour comme ça on ne verra pas toute la mécanique qu’il y a derrière.
Et l’exercice YouTube c’est encore différent ?
YouTube, j’y suis vraiment allé pour l’exercice créatif pour créer mon nouveau spectacle. Et c’est vrai qu’il y a une autre raison au fait que je me suis lancé dans la vidéo. En 2015, j’ai fait une interview au JT de France 2 avec Pujadas. Je m’étais trouvé nul nul nul… Je m’étais rendu compte que la caméra ça me terrifiait un peu. Du coup, je m’étais dit que de me filmer tous les jours ça allait forcément me libérer du regard de la caméra. Et ça m’a évidemment aidé.
Un spectacle, on le peaufine pendant un an et puis après on joue le même spectacle, à quelque chose près, pendant deux ou trois ans. Le processus créatif est lent. Avec YouTube c’est l’inverse. Je me suis rendu compte que je pouvais avoir une idée le matin, l’écrire l’après-midi, la tourner le soir chez moi, la monter le lendemain matin et la publier dans la foulée. Le processus créatif est très rapide et je trouve que les deux se complètent. Et puis j’ai découvert quelque chose aussi : c’est que les gens m’ont suivi. Moi, je ne pensais pas que des gens allaient suivre ce que j’allais faire… Ce sentiment de communauté il est très sympa. Dans la vie, sur scène, je rencontre des vrais gens et ça il n’y a pas mieux. Mais dans le quotidien, je peux publier une vidéo et avoir des retours sincères de personnes qui me soutiennent et me font des retours. C’est incroyable à vivre en vrai !
Une grande communauté implique aussi une certaine rigueur ?
Bien sûr ! Pour moi, c’est avant tout une passion, donc cela ne me dérange pas de me tenir à jour, de continuer à lire, à faire des recherches. C’est très important parce que la science elle se corrige en permanence. Ce qui était vrai hier ne l’est plus qu’à moitié aujourd’hui. Je prends l’exemple de la PNL, la programmation neuro-linguistique, sur laquelle je me suis formé. 5/6 ans plus tard, cette méthode était un peu débunkée par ses créateurs eux-mêmes. Donc il faut se tenir au courant en permanence. C’est d’ autant plus important que 7 ans auparavant personne me connaissait donc quand je disais une bêtise ça ne concernait presque que moi. Maintenant quand je dis quelque chose, il y a des gens qui me font confiance, et qui se disent « si Fabien l’a dit, lui il sait ce qu’il dit donc on va lui faire confiance ». C’est de la déontologie. Je préfère toujours dire que je ne sais pas plutôt que de dire un truc faux que 20 000 personnes vont répéter en pensant que j’avais raison.
Comment on se renouvelle dans le mentalisme ? Comment ne pas retomber dans les mêmes numéros ?
C’est un peu comme les films d’action : c’est toujours la même histoire. Il y a un héros, il se passe quelque chose qui va le faire passer à l’action, il va être accompagné d’une personne qui va le guider, d’un méchant, d’un meilleur ami… et à la fin il y a la résolution. Des milliers de films respectent cette structure et il y en aura des milliers d’autres à l’avenir. Dans le mentalisme c’est un peu la même chose. Dans le fond, il n’y a pas mille manières de bluffer les gens. Je vais savoir à quoi ils pensent, faire des exploits de mémoire, je vais les influencer à faire un choix… ça ce sont mes recettes de bases. Après, il faut réfléchir à ce que j’ai envie de raconter, à la mise en scène. Par exemple dans mon dernier spectacle « Archétypes« que je présente sur scène actuellement, j’avais vraiment envie de traiter la manière de faire des enquêtes à l’époque où il n’y avait pas de technologie. Du coup, je reproduis une enquête de Sherlock Holmes sur scène et le public participe. Les moments de bluff arriveront quand je résoudrai l’enquête mais je n’avais jamais exploiter l’univers de Sherlock Holmes. C’est cet enrobage qui fait la nouveauté.
Et dans « Archétypes », le public est véritablement acteur non ?
Exactement ! Déjà, l’idée du spectacle c’est de faire comprendre aux spectateurs qu’ils sont tous mentalistes eux-aussi. On fait tous du mentalisme quand on cherche à analyser les gens, à négocier un prix, quand on arrive à convaincre ses amis à venir nous aider à déménager un dimanche à 6h du matin ! Et dans mon show, je promets à chaque membre du public qu’il saura, à la fin, quel est son archétype de mentaliste. Est-ce que c’est le mentaliste analyste, le mentaliste un peu embrouilleur etc. Évidemment c’est un prétexte aussi pour faire des numéros, pour bluffer tout le monde et pour amener les spectateurs à faire des choses eux-mêmes… C’est vraiment un truc qui me passionne : qu’ils constatent qu’ils sont capables de faire des trucs qu’ils pensaient possible qu’avec énormément de travail.
Et puis le public participe aussi en venant sur scène. Je parle beaucoup avec la salle et je fais venir régulièrement des gens à mes côtés pour les numéros. C’est sur volontariat, que tout le monde se rassure. Et ce qui est drôle c’est que souvent, sur le premier numéro, quand je demande qui veut participer il n’y a que 10 mains qui se lèvent un peu timidement. Ensuite, pour le deuxième numéro, quand les gens ont vu que ça s’est bien passé, que je suis gentil, que je ne moque pas d’eux, quand je demande qui veut monter, j’ai toute la salle qui lève la main !
Voilà qui donne envie de venir vous voir votre spectacle à Albi !
D’autant plus que ce sera la première fois que je me produirai à Albi. Je suis déjà venu pour tourner des vidéos avec mes amis youtubeurs Tibo Inshape et Juju Fitcats. Ils m’avaient fait découvrir la ville. J’avais vraiment bien aimé et je me rappelle qu’on avait très bien mangé !
Quoi qu’il en soit, rien ne vaut la vraie vie. C’est super Youtube, netflix, la TV… mais je peux vous le dire d’expérience, rien ne vaut l’éphémère et la vraie vie. Je ne prêche pas que pour ma paroisse et mon spectacle, je prêche pour tous les spectacles. Allez voir du spectacle vivant ! Ça fait du bien à l’âme, aux zygomatiques, et avec mon show ça fait du bien à l’esprit !
* Fabien Olicard est aussi le créateur du magazine « Curiouz » qui traite là-aussi de sujets autour du cerveau, du mentalisme etc. Il fidélise près de 15 000 abonnés. De plus, depuis le 21 décembre dernier, il présente et produit une émission de TV sur TMC appelée « La Grande Expérience ».
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Pour réserver vos places pour le spectacle de Fabien Olicard, le 13 janvier au Scénith d’Albi, c’est par ici : https://www.ticketmaster.fr/fr/manifestation/fabien-olicard-billet/idmanif/532083.