Marion Lastisnères a l’intention de créer une épicerie vrac « zéro-déchet » à Rabastens dans les prochains mois.

Cette jeune femme de 30 ans s’apprête à prendre un virage à 180 degrés dans sa carrière professionnelle. Au vu de sa formation, cette Paloise d’origine n’était, en effet, pas spécialement destinée à ouvrir un commerce. Jusqu’à demain, vous pouvez l’aider via un financement participatif (voir en fin d’article). Récit d’une reconversion et de la naissance d’un projet dans l’air du temps.

Du droit au petit commerce

Celle qui vit actuellement à Toulouse, s’est dirigée vers des études de droit après son Bac ES obtenu en 2007. « J’ai choisi de suivre cette filière car cela me semblait être une discipline utile et pluridisciplinaire et c’est une des voies considérées comme « royales » pour obtenir un emploi stable et rémunérateur. » commente-t-elle. S’en est suivie une année d’échange Erasmus à Leeds, en Angleterre, grâce à laquelle Marion est devenue bilingue. Après un Master I en droit pénal à Pau et un Master II en droit du contentieux international à Poitiers, elle a effectué un stage de fin d’étude au sein du service R&D (Recherche et Développement) d’une entreprise. Une expérience professionnelle qui lui a fait découvrir la propriété intellectuelle. Une discipline pour laquelle la Toulousaine a eu un coup de cœur au point d’en faire sa spécialité. C’est ainsi qu’elle est partie à Strasbourg pour obtenir un Diplôme Universitaire au Centre d’Études Internationales de la Propriété Intellectuelle. « J’avais choisi d’être juriste en propriété intellectuelle, car il était important pour moi de mettre mes connaissances au service de créateurs indépendants ou d’entreprises ayant une activité créatrice et donc d’exercer un métier pédagogique et humain. » résume-t-elle.

Marion Lastisnères

Suite à ses 7 années d’études post-bac et avec ses diplômes en poche, Marion a pu se lancer concrètement dans le monde du travail.  Elle a d’abord occupé un poste d’assistante en propriété intellectuelle aux Grands Chai de France (entreprise de négoce de vins et spiritueux), en Alsace. Puis, désireuse de revenir vivre dans le Sud-Ouest, la jeune femme a intégré la société Cargo (spécialisée dans l’équipement de la maison et de la personne) à Toulouse. Mais voilà, la juriste voyait bien qu’elle n’était pas épanouie. Elle s’explique : « Mes préoccupations environnementales prenaient de plus en place dans ma vie. Faute de prise en compte de celles-ci dans le cadre de mon activité professionnelle, le sentiment d’une urgence à agir se faisait de plus en plus sentir ». C’est comme ça que l’idée de monter une épicerie vrac locale a commencé à émerger.

Une forte sensibilité éco-responsable

Depuis toute petite, Marion a toujours baigné dans un environnement qui faisait attention à la nature et qui mettait en avant le local. « J’ai eu la chance de manger du fait maison et des produits locaux dès que c’était possible. On faisait attention à notre consommation d’eau et d’électricité. » se souvient-elle. Toutefois, elle l’admet volontiers, cela relevait plus du bon sens que de l’écologie à proprement parler. Elle ajoute : « C’est certain que cela m’a permis, d’avoir un point d’entrée dans ce domaine assez complexe qu’est celui de l’écologie. Ce point c’était celui de l’alimentation qui, finalement, a un impact sur notre santé, l’économie locale, la planète ».

Quant à la transition vers le zéro-déchet, les enjeux environnementaux qui vont au-delà de l’alimentation, elle s’est faite progressivement. « J’ai grandi dans les années 90, une époque où la surconsommation était valorisée. L’emballé, les vêtements peu chers, la quantité plus que la qualité, les milliers de kilomètres entre le lieu de production et celui de vente…c’était la norme. » estime Marion. Dans ce contexte, le changement ne peut se faire du jour au lendemain. Il y a eu d’abord le « mieux manger » puis est venu le « mieux consommer » (dans sa penderie, dans les produits de salle de bain, en réparant, en louant etc.). « Concrètement, cela fait 5 ou 6 ans que j’ai vraiment changé mes habitudes. Puis, je me suis rendu compte qu’il y avait trop décalage entre ce qui m’anime dans ma vie personnelle et ce que je faisais tous les jours au travail. La crise sanitaire a eu pour effet d’accentuer cette prise de conscience. » raconte la jeune femme. Son projet d’épicerie correspond donc en tout point à ce que la jeune femme recherchait : une activité en accord avec ses valeurs écologiques, sa volonté de valoriser les savoir-faire et sa recherche de création de lien.

Opération « Caminot »

Cela fait maintenant près d’un an que l’ancienne juriste planche sur son projet d’épicerie. Celle-ci s’appellera « Caminot », avec le « T » prononcé. Cela signifie « sentier » en béarnais. C’est donc un clin d’œil à ses origines auxquelles elle reste très attachée. La société est créée, le site web (caminot.fr) est lancé, les réseaux sociaux sont en activité (Facebook, Instagram), la quasi totalité des fournisseurs sont trouvés et l’identité visuelle est prête.

Logo de Caminot

Comme nous le dit la néo cheffe d’entreprise : « Le nom comme le logo symbolisent l’image du chemin déjà parcouru dans les démarches en faveur de notre planète et celui qu’il reste à parcourir pour aller encore plus loin et changer durablement nos habitudes de consommation ».
Un an de travail donc… en pleine pandémie mondiale qui plus est ! Evidemment le contexte n’a pas aidé mais il n’a pas non plus véritablement freiné les choses. « Rencontrer les Rabastinois, les fournisseurs, les potentiels financeurs et surtout trouver un local a été plus difficile à cause des restrictions de déplacement et la distanciation. Pour autant, j’ai la chance d’avoir rencontré des personnes passionnées avec qui j’ai hâte de travailler. » dit-elle avec enthousiasme. Il ne reste qu’une case à cocher : celle du local commercial ! La Toulousaine ne l’a pas encore trouvé mais elle est sur une bonne piste en centre-ville de Rabastens (dans l’idéal il faudrait qu’il fasse 100m2 dont 60m2 de surface de vente et 40m2 de réserve).

Pour l’heure, Marion est seule dans l’aventure « Caminot ». Elle est toutefois soutenue par son compagnon qui rejoindra l’entreprise dès qu’une embauche sera envisageable.

Vrac, local, zéro-déchet….lien social

Chez « Caminot », l’idée est de proposer une offre permettant de valoriser les savoir-faire et ayant un faible impact environnemental, de la production à la consommation.

Côté rayons, il y aura donc des produits locaux issus de procédés raisonnés ou biologiques, aussi artisanaux que possible. « J’ai voulu avoir une approche globale, pour m’assurer que mes futurs fournisseurs proposent des produits de qualité, qui respectent l’environnement au sens large, c’est-à-dire, les sols, la faune, la flore…etc. » explique la future gérante. Ainsi on pourra trouver dans l’épicerie :

  • Fruits et légumes, fromages, lait, beurre…
  • Riz, pâtes, légumineuses, conserves, soupes, graines, céréales…
  • Granolas, muesli, fruits secs, biscuits, sucres, chocolats…
  • Farines, huiles alimentaires…
  • Thés, infusions, chicorées, cafés…
  • Savons, shampooings solides, dentifrices solides, déodorants solides, vernis naturels…
  • Vinaigre blanc, bicarbonate de soude, lessive liquide et en poudre…
  • gourdes, sacs à vrac, brosses à dents, contenants cotons réutilisables…

Pour transporter ses aliments achetés en vrac, il y aura plusieurs solutions dans le commerce :

  • Sachets en kraft gratuits.
  • Sacs à vrac en tissu disponibles à l’achat.
  • Bocaux en verre assortis de différentes tailles disponibles à l’achat.
  • Bocaux de récupération gratuits.

De cette façon, même en cas d’oubli et quel que soit le budget, les contenants ne seront pas un obstacle à la consommation sans emballage.

Le tout sera aménagé dans un lieu chaleureux et convivial, pour retrouver le charme des épiceries d’autrefois. Car oui, créer du lien c’est une des volontés de Marion : « Au-delà d’une épicerie, j’aimerais que ce soit un lieu de vie où on découvre des produits, des producteurs et où des ateliers sont organisés pour apprendre à faire des produits d’entretien soi-même, à coudre des sacs de courses à partir de tissus récupérés et bien d’autres choses ».

Un financement participatif

Pour l’aider à se lancer, la fondatrice de « Caminot » a choisi d’avoir recours à du crownfunding. Depuis le 5 avril et jusqu’au 6 mai, les personnes touchées par son initiative ont pu lui apporter un soutien financier sur le site miimosa.com. Objectif principal : atteindre la barre de 5000 euros. D’autres paliers pourraient suivre sachant qu’il faut 16 000 euros pour financer l’ensemble des équipements nécessaires (la caisse et son logiciel, les silos à gravités, les bacs à pelle, une vitrine réfrigérée…). Et Marion a prévu des contreparties pour les contributeurs : « Elles seront composées de produits qui seront proposés chez « Caminot », pour donner une idée de ce qui les attend ».
Alors si vous avez été séduit par la démarche personnelle et professionnelle de Marion, n’hésitez pas à lui donner un petit coup de pouce.

https://www.miimosa.com/fr/projects/caminot-votre-nouvelle-epicerie-vrac-et-locale

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