Le succès fou d’un réseau d’entrepreneuses à Castres

Il s’appelle « Entre Castraises » et il a seulement un peu plus d’un an. Pourtant, depuis septembre 2022, il ne cesse de grandir. À tel point qu’aujourd’hui 75 femmes, à la tête de leurs propres entreprises, gravitent dans ce groupe réservé aux femmes. Nous sommes allés à la rencontre des membres fondatrices.

Une montée en puissance

L’idée de se réunir entre femmes entrepreneuses est directement venue d’Albi. En fait, Julie (créatrice de la marque Uniyou) et Marine (Marine Blue Photographe), étaient déjà membres d’un réseau sur Albi appelé « Les Entrepreneuses Albigeoises ». Ces deux castraises qui travaillent sur tout le Tarn se sont vite rendues compte de la dynamique que pouvait insuffler un groupe de femmes à la tête de leurs activités professionnelles. C’est comme ça qu’elles ont importé l’idée à Castres. « Au début, elles ont ramené un petit peu toutes leurs copines qui étaient entrepreneuses pour faire un premier rendez-vous. Et de fil en aiguille on a organisé des petites réunions. On a fait un premier évènement pour Octobre Rose l’année dernière. On était 10 au départ. Et aujourd’hui on est presque 8 fois plus ». explique Camille Guiraud, la présidente du réseau, maroquinière installée rue Emile Zola à Castres.

Le réseau a pris une telle ampleur qu’il a fallu se structurer. C’est la raison pour laquelle « Entre Castraises » est devenu une association il y a quelques mois. « Ce n’était pas forcément prévu au départ mais il fallait qu’il y ait un cadre. Ne serait-ce que pour les soirées qu’on organise et qui sont payantes pour certaines. On voulait que tout soit carré et c’était une demande de certaines de nos membres. » dit Camille. « Le fait d’avoir une association, ça permettra aussi d’avoir un peu plus de fonds pour pouvoir faire la décoration de nos évènements etc. » ajoute la présidente des « Entre Castraises ». Le bureau de l’association est constitué des membres historiques. Les adhésions commenceront à partir de janvier 2024.

Et le succès se constate aussi quand le réseau s’ouvre au public. En septembre dernier, il a par exemple organisé un marché des créatrices au coffee shop O’Moka. La manifestation était ouverte à tous et ce sont pas moins de 500 personnes qui y ont participé. « C’était un jour où il y avait beaucoup de choses organisées à Castres et franchement on a été surpris de voir tout ce monde. Ça nous donne envie de proposer un peu plus de choses chaque année. » exprime avec ambition Camille Guiraud.

La sororité dans la diversité

Des « clubs » d’entrepreneurs, il en existe des dizaines à Castres. Et même si certains sont des entités locales de réseaux nationaux voir internationaux, tous ne peuvent pas se targuer de réunir autant de personnes qu’« Entre Castraises ». Il faut dire qu’il n’y avait pas beaucoup de propositions pour les femmes cheffes d’entreprises dans la sous-préfecture tarnaise. Encore moins quand il s’agit de faire la part belle aux créatrices comme c’est le cas du réseau de Camille, Manon, Marine, Julie, Cécile et bien d’autres. « Dans d’autres réseaux je me sentais un peu petite par rapport aux grosses entreprises. On s’est rendu compte qu’on pouvait avoir cette entraide à notre niveau aussi. En plus, on a plein de métiers différents qui sont représentés. Secrétaire, comptable, coiffeuse, illustratrice, torréfactrice, autrice, avocate, formatrice… Le panel est assez énorme. C’est génialissime. »  résume avec enthousiasme la présidente du réseau.

Et ce n’est pas la concurrence qui leur fait peur. Les « Entre Castraises » acceptent toutes les femmes entrepreneures originaires de Castres. Si plusieurs membres pratiquent la même activité ce n’est pas un problème comme le dit Camille Guiraud : « On peut faire le même métier mais de manières différentes. On a toutes nos spécialités, nos méthodes… On ne se fera pas d’ombre ». C’est même l’une des valeurs du réseau : se mettre en avant toutes autant que possible. Par exemple, le marché organisé en septembre a permis de mettre en avant les créatrices uniquement mais les filles réfléchissent aussi à des occasions pour pouvoir mettre sur le devant de la scène les autres corps de métier. « Celles qui ne peuvent pas présenter leur projet en vendant directement, on souhaite qu’elles le fassent en faisant des formations ou des conférences par exemple. Je pense aux comptables ou aux avocates. Elles peuvent nous apporter des astuces sur le volet financier et juridique qui intéressent forcément les entrepreneuses. » développe la maroquinière. Un salon autour de la thématique du bien être devrait aussi voir le jour en 2024. Il permettra aux entrepreneuses qui travaillent dans le yoga, l’hypnose, la sophrologie, ou encore l’esthétique de pouvoir montrer leurs activités et compétences. L’objectif est que tout le monde y trouve son compte. 

La convivialité toujours au rendez-vous

Mais s’il y a quelque chose qu’on remarque aussitôt chez les « Entre Castraises » c’est que la bonne ambiance n’est pas feinte. Il faut dire que leurs rencontres se font toujours dans la convivialité. « On se réunit souvent en mode auberge espagnole, on évoque d’abord les actualités du groupe puis en fonction du nombre on essaie de faire une présentation rapide de toutes les filles présentes. Ça nous permet de voir qui fait quoi pour ensuite entamer la discussion et papoter toute la soirée. » explique la présidente du réseau. Et dans les échanges, ça parle boulot mais c’est loin d’être le seul sujet. Détente et bonne humeur sont au rendez-vous ! Ces rencontres sont aussi l’occasion de faire découvrir des nouveaux dynamiques dans la ville. Dernièrement, les membres ont participé à une soirée chez « Gourmandises et Vins », ouvert il y a peu.  Le commerce propose des produits de producteurs locaux et des privatisations pour des soirées.

Le noyau dur de l’association se réunit deux à trois fois par mois pour organiser le calendrier des évènements. Pour les autres membres, il n’y a pas de contrainte. « On se dit que venir au moins à deux réunions par an, c’est le minimum. Mais on veut que ce soit assez libre, que les gens viennent quand ils veulent. » précise Camille Guiraud. Pour intégrer la bande, il suffit d’écrire sur l‘Instagram du réseau. C’est d’ailleurs sur Instagram que vous pouvez suivre les actualités des « Entre Castraises » et que le groupe assure la publicité de ses membres.

Et si on leur demande ce qu’elles retirent de cette communauté de cheffes d’entreprises à leurs comptes, les réponses sont toujours positives. Pour Julie ce sont « énormément de rencontres et des soirées enrichissantes. On a beaucoup de choses à s’apporter, même en dehors de ce qui concerne directement nos métiers ». Pour Marine : « Ca amène un joli réseau de connaissances, et ça pousse à développer notre créativité dans nos projets aussi ». Enfin, Manon estime que « c’est source de visibilité, de partages et de partenariats. Et en plus, ça nous apporte des copines tout simplement » ! Voilà qui résume en une phrase le sens des « Entre Castraises ».