Le château de Montfa reprend vie !
En ruine depuis des dizaines d’années, le château de Montfa est à nouveau entretenu de manière assidue depuis plusieurs mois. C’est la nouvelle propriétaire, Sophie Peyruc, qui est en train de créer une dynamique autour de ce lieu de patrimoine incroyable. Le château a, en effet, appartenu à la famille d’un illustre tarnais : l’artiste peintre Henri de Toulouse-Lautrec. Découvrez ce lieu qui mérite le détour.
Un site chargé d’Histoire
Les premières traces de ce château remontent à un héritage de 1275. C’est effectivement dans le testament d’Isarn IV de Lautrec qu’on le voit cité pour la première fois. Il daterait donc de la moitié du 13ème siècle mais il pourrait être encore plus ancien : Montfa étant déjà cité comme village fortifié dès 1219. Par la suite, le château se transmet de génération en génération dans la lignée des Vicomtes de Lautrec (dans laquelle on retrouve le nom Toulouse-Lautrec). Meurtrie par les nombreuses guerres de religion dont le Tarn est le théâtre, la bâtisse en pierres a péniblement traversé le temps au gré des incendies, des destructions, des reconstructions. De plus, chaque nouveau propriétaire y a apporté son lot de changements.
A la fin du 19ème siècle, le lieu a déjà beaucoup perdu de sa superbe. « S’il en restait le toit, les fenêtres étaient cassées, tout le monde pouvait y rentrer… le lieu était quasiment abandonné. l’endroit était même devenu un terrain d’entraînement pour des militaires. » raconte Sophie Peyruc. A la mort d’Alphonse de Toulouse-Lautrec, en 1913, le château passe dans les mains du frère du défunt. Mais ce dernier habite en Bretagne et ne vient jamais dans le Tarn. Totalement laissé en désuétude, le domaine est entièrement pillé, petit à petit. Des biens matériels aux majestueuses portes, des générations d’habitants du secteur se sont servies à volonté. Le temps faisant son effet, le toit a fini par céder, affaibli par d’incessantes inondations et infiltrations. C’est ainsi qu’on comprend l’état dans lequel il se trouve aujourd’hui.
Un rachat salvateur
Au fil des années, le château est tombé dans l’oubli collectif, même pour la population locale. L’actuelle propriétaire l’explique très bien : « Il faut savoir qu’à Montfa, il y avait plein d’habitants qui ne savaient pas qu’il y avait un château puisqu’il n’était pas visible de la route, il n’était pas accessible. Il s’agit principalement des jeunes générations évidemment ». Mais en 2017, David Cros rachète le château après de longues démarches. S’en suivent quelques mois de travail autour de la végétation qui avait envahit le domaine. Le château refait surface et les habitants du coin comme les tarnais ont pu le redécouvrir. Mais, pour des raisons personnelles le propriétaire est contraint de vendre son bien assez rapidement. Sophie Peyruc qui faisait partie de l’association de préservation du château, se porte acquéreur et prend donc le relais en 2019. « Je l’ai racheté parce que j’avais un papa qui était un amoureux du patrimoine, c’était peut-être une façon de prolonger un parcours familial. » se rappelle-t-elle. Depuis, une nouvelle association a remplacé l’ancienne et le château reprend peu à peu de l’allure.
« L’association du château de Montfa » a vocation à entretenir les lieux et à réaliser de petits chantiers. Tout ce qui est gros travaux est confié à des professionnels. L’objectif est que le site soit accueillant et propre. La grande zone devant l’entrée est ainsi entretenue afin de proposer un espace de pique-nique en libre accès. Un peu plus loin, c’est une forge qui a été édifiée. Un chemin devrait voir le jour prochainement tout autour du château. Et sur le bâti en lui-même, la priorité est de le sécuriser au maximum. Sophie Peyruc a fixé le cap : « On a une convention avec l’entreprise Albert et Fils qui nous aide beaucoup. Elle va s’occuper du pont et de la cheminée monumentale, elle s’est déjà occupée de toutes les arases de murs et elle va reboucher les trous pour éviter les infiltrations d’eau. On a aussi une convention avec le CFA taille de pierres de Lacrouzette dont les apprentis sont en train de refaire les encadrements des fenêtres du rez-de-chaussée« .
Redynamiser plutôt que rebâtir
Il faut être clair : le but n’est pas de reconstruire le château de Montfa à l’identique de ce qu’il a pu être. D’ailleurs connaître avec certitude sa physionomie n’est pas forcément évident. Des sources précieuses dans les archives, des recherches d’historiens ou tout simplement un peu d’observation permettent toutefois d’avoir quelques indications. Sophie Peyruc l’évoque : « On sait qu’il y avait au moins deux tours dont une a été transformée en chapelle. Nous avons d’ailleurs remis en état cette petite chapelle. C’est aujourd’hui le seul espace abrité du château. Et puis il y avait peut-être une troisième tour utilisée dans un 2nd temps pour y implanter une forge et un four à pain ». Il faut parfois trier les centaines de pierres présentes dans les ruines pour parvenir à reconstituer une porte voûtée par exemple. Le travail est colossal mais les choses se font petit à petit. « On essaie de se fixer des objectifs et tant qu’on n’a pas terminé une chose, on ne passe pas à une autre. Il ne faut surtout pas regarder ce qu’il reste à faire car il y aura toujours des choses à faire. » résume la propriétaire.
Mais l’ambition est grande et au-delà de la préservation du patrimoine il s’agit aussi de créer un lieu de vie. « A terme, on espère pouvoir remonter des annexes du château pour y organiser des expositions, des concerts, ce genre de choses… sachant que pour l’instant, on n’a pas l’électricité. » annonce Sophie Peyruc. L’électricité qui représente un budget important et pour l’instant inaccessible. D’ailleurs côté finances, l’association organise quelques opérations dans l’année (randonnées, appels aux dons…) afin de récolter de l’argent. Quant à la cheffe des lieux, elle investit beaucoup de ses propres économies. « Cela ne me dérange de ne pas partir en voyage, d’aller moins au restaurant. Certains s’offrent des équipes de foot et moi c’est un château en ruine. Si j’avais voulu faire de l’argent, ce n’est pas un château que j’aurais acheté ». conclut-elle.