Où êtes-vous et que faites-vous ? 

Cela fait un an et 4 mois que je suis à Sydney. Avant de partir, j’ai fini mon master en communication et je suis partie directement après mon alternance de deux ans. J’ai commencé ici en tant que serveuse, j’ai aussi travaillé dans des fermes pour mon second visa et là je suis serveuse dans un café et je suis à mi-temps dans une agence d’éducation spécialisée dans les “student visa”. Je m’occupe de la partie communication et marketing.  

Est-ce compliqué de renouveler son visa en Australie ?  

Un petit peu. On arrive avec un visa valable un an et pour le renouveler, il faut travailler pendant 88 jours dans une ferme. Il est possible de rester les 88 jours dans la même ferme et donc de remplir ce critère en 3 mois. Sinon, on peut éparpiller ces 88 jours de travail dans diverses fermes et tout au long de l’année du visa. Ce qu’on appelle les « fermes », c’est un travail dur. Moi j’étais dans un abattoir. On était perdu dans une ville où il n’y avait rien…  

Pourquoi avoir choisi de quitter la France ?  

Je rêvais de partir à l’étranger depuis mon bac mais je m’étais dit qu’il fallait que je termine mes études d’abord. C’était plus prudent. L’Australie, c’est parce que tout le monde est parti là-bas ! Puis c’est vrai que ça fait rêver : les plages, le temps, le climat…tout est génial ici ! Je voulais aussi développer mon anglais, je ne voulais pas aller dans un pays où cela parle espagnol par exemple. C’est ce qui m’a amené ici en Australie.  

Pourquoi l’Australie et pas un autre pays anglophone ?  

C’est tout bête mais l’Angleterre…. il fait super moche (ndlr : côté météo) ! Cela aurait pu être les Etats-Unis mais j’avais entendu dire que c’était très compliqué d’obtenir le visa. Donc il ne me restait plus énormément de choix. Vu que j’adore le beau temps, le soleil, la chaleur je me suis dit que l’Australie était la destination parfaite. En plus je connaissais beaucoup de personnes qui s’y étaient rendues avant moi et qui m’ont conseillé. Donc, ce choix était plus que logique et le plus simple pour moi. 

On a l’image qu’en Australie, il y a énormément d’insectes, d’araignées, des serpents ou des animaux dangereux…est-ce vrai ?  

Personnellement, j’ai la phobie des araignées. Je suis venue sur la défensive à ce niveau-là…(rires). Avant de partir ici, toute ma famille m’identifiait sur les pires publications du genre “une énorme araignée a été trouvé en Australie”. J’avais un peu peur de tout ça et honnêtement ça va. Alors oui, j’en ai vu des grosses, même une qui m’a grimpée dessus. Elles font peur mais elles ne sont pas dangereuses. Honnêtement, il faut soit être dans la campagne soit habiter à proximité de végétaux pour en voir beaucoup.  

Concernant les animaux dangereux, franchement je n’en ai pas beaucoup vu. J’ai vu un requin, une fois, mais c’était un petit et inoffensif.  

Quitter votre famille, vos amis et votre quotidien n’a pas était trop dur ? 

Au début, ça a été super dur. Je ne me donnais pas 6 mois ici. Je suis partie seule, j’étais au fond du seau. Mais bon, je me suis fait violence. Et puis le fait de découvrir plein de nouveaux trucs tous les jours, ça aide vraiment à passer un cap. Avec le temps, j’ai vraiment apprécié vivre là-bas. J’ai commencé à rencontrer plein de gens, dont mon copain ! Je me suis vraiment habituée à la vie hors de la France et même si ma famille me manque, aujourd’hui, je ne regrette pas du tout parce que je me sens vraiment bien ici.  

Qu’est-ce qu’il vous manque le plus de la France et du Tarn ? 

La gastronomie ! Et bien sûr ma famille et mes amis qui passent avant la gastronomie (rires). La culture australienne est très proche de la culture britannique et américaine. Du coup, niveau gastronomie, ils n’ont rien inventé ! Il n’y a pas de spécialité australienne. Mais franchement, le cassoulet, les lentilles avec la saucisse, le confit de canard, le foie gras…tout ça me manque. Heureusement, ma mère me fait des petits colis pour Noël dans lesquels elle met du foie gras, du jambonneau et compagnie.  

Parlez-vous souvent de vos origines avec les locaux ou les étrangers que vous rencontrez ?  

Quand on me demande d’où je viens, je tente en demandant s’ils connaissent Castres. Finalement pas grand monde connaît donc je dois préciser que c’est à côté de Toulouse, qu’Albi est la préfecture du Tarn et que Castres est la sous-préfecture. Parfois on me dit : “Je suis sûr que Castres c’est perdu et que c’est un bled pourri”. Je leur réponds que Castres c’est super mignon, que ce n’est pas parce qu’ils ne connaissent pas, que la ville est nulle. D’ailleurs, une fois, j’ai rencontré un Vauréen ici.

Que pensent les Australiens de la France ? 

En général quand tu leurs dis que tu viens de France, ça te donne une petite valeur ajoutée. Le Sud de la France, dans leur tête, c’est vraiment le summum. J’ai rencontré énormément d’Australiens qui sont déjà allés dans notre pays. Les étrangers et les Australiens adorent vraiment la France. Mais en général ils ne connaissent pas trop le Tarn, ils connaissent plus Toulouse ou la Côte d’Azur. 

Qu’appréciez-vous le plus et le moins en Australie ?  

Le travail, ici, c’est un peu dur parce que tu ne connais personne, tu as la barrière de la langue. Pour ma part, mon anglais n’était pas génial. Vu qu’il faut bien que tu gagnes ta vie et tu fasses un travail, souvent tu commences dans un restaurant en tant que serveur ou encore plus en bas de l’échelle en tant que “food runner” c’est-à-dire que tu ne fais qu’apporter les plats de la cuisine aux clients, tu n’échanges pas avec eux. Ça c’est dur à encaisser au début. Tu arrives, tu ne connais personne, tu es seul… Le travail est pénible tu dois encaisser et ne rien dire. Ce n’est pas toujours facile. Avec le temps, au fur et à mesure que ton anglais devient bon, que tu as engrange de l’expérience, ça se passe mieux.

En revanche, ce qui est génial ici, c’est que  tu peux vraiment bien gagner ta vie même en faisant un travail peu rémunéré en France. Tu peux te faire facilement 1 000 dollars par semaine en ne travaillant que 40h. Ensuite, les gens ici sont super gentils, souriants et de bonne humeur en général. La vie est globalement assez simple et on se sent vraiment libre. Si tu as besoin d’un appartement, tu peux trouver du jour au lendemain, tu peux payer à la semaine. Sur le plan professionnel, tu peux aussi travailler, être payer à la semaine et arrêter quand tu veux. Je trouve que tout est plus simple, vraiment.  

La vie là-bas est-elle plus chère qu’en France ? 

Oui ! La vie est plutôt chère ici. Si tu veux vivre seul, cela peut être compliqué. Bien souvent, les gens sont en colocation. Les transports en commun sont très coûteux. Il n’y a pas d’abonnement mensuel ou annuel comme on peut avoir en France. Ici tu payes au trajet et les prix peuvent aller jusqu’à 3 dollars le trajet, donc à la longue ça revient très cher.  Malgré tout, on s’y habitue et personnellement cela ne me dérange pas du tout. 

Quels conseils donneriez-vous à un français qui souhaiterait venir s’installer en Australie ?  

Au début, on a toujours l’impression que c’est compliqué ou infaisable parce que c’est très loin. On a beau se renseigner, on n’y est pas encore et ça peut paraître irréel par certains aspects. Mais franchement ici, c’est vraiment facile, il suffit juste de parler aux gens parce que quand tu arrives, tout le monde est dans la même situation que toi. Donc il ne faut pas avoir peur et la vie est vraiment agréable même avec le coronavirus. L’Australie c’est le pays de la liberté, tu peux partir quand tu veux en road trip. Si tu veux prendre l’avion pour aller à l’autre bout du pays, tu peux. Ici c’est vraiment génial, il ne faut juste pas avoir peur et se lancer.  

Je conseille de faire du helpX. Tu travailles quelques heures par jour pour une personne qui tient une ferme agricole ou un refuge pour les animaux, ou autre chose, il y a énormément de concept différent. En échange, il t’héberge et te nourrit. J’ai fait ça deux semaines dans une famille australienne, c’était super sympa. Ils nous ont carrément intégré à leur quotidien. C’est vraiment cool pour vivre comme dans une famille australienne comme si toi tu étais australien. Il n’y a rien de mieux pour s’intégrer. J’ai fait aussi deux autres semaines dans une ferme bio, dans le bush donc la campagne australienne. C’est vraiment un excellent moyen pour découvrir la culture australienne de l’intérieur. Et ça t’évites de te retrouver avec d’autres français, car même si au départ tu ne veux pas pour la langue, tu te retrouves quand même avec eux.  

Est-ce difficile de monter son projet professionnel ? 

Si t’es ambitieux et persévérant, tu peux le faire. Il y a plein de gens qui ont la “Permanent residency”. Si tu as un métier qui est valorisé ici, par exemple mon copain est chef pâtissier, vu que c’est renommé d’être français dans ce secteur, les entreprises vont vouloir le garder. Il y a un visa sponsor qui va lui permettre de travailler 3 ans dans une même entreprise et au bout de ces 3 ans, il aura la résidence australienne valable 5 ans et qui est renouvelable. Après un certain temps, tu peux devenir citoyen australien. Ensuite si tu veux ouvrir ton propre business, c’est possible. Je connais quelques Français qui l’ont fait. C’est le cas du gérant du café dans lequel je travaille.

Comment l’Australie vit avec la pandémie mondiale ? 

On a eu un confinement en Avril. C’était un confinement un peu pareil qu’en France. On pouvait sortir, faire ses courses, faire une activité sportive etc… Ça a duré deux mois et petit à petit on a eu le droit de sortir de chez nous avec le port du masque. Ils ont enlevé toutes les restrictions. On pouvait retourner en club et tout. Puis une semaine après, les restrictions sont revenues, tout a fermé de nouveau puisqu’il y a eu une hausse des cas. Par contre les restrictions dépendent de chaque Etat car l’Australie est immense. Il y a certains Etats qui n’ont quasiment pas été touché par l’épidémie. Par exemple dans l’Etat du Nord, il y avait zéro restriction. Les boîtes de nuits étaient ouvertes. A Sydney, on a quand même été pas mal impacté, forcément c’est la grande ville. Il y a beaucoup de monde et donc plus de restrictions. Aujourd’hui, les seules contraintes un peu pénibles sont le port du masque obligatoire quand on travaille en restauration et dans les transports en commun. On est autorisé à des rassemblements de 50 personnes maximum en extérieur et les boîtes de nuit sont fermées. C’est tout. Sinon, les restaurants et les bars sont ouverts. Les centres commerciaux aussi, ils sont d’ailleurs très fréquentés. Tu peux aller à la plage sans problème. C’est comme s’il n’y a plus le Covid ici. Ça nous paraît un peu loin. 

Avez-vous l’intention de revenir en France ?  

J’ai très envie de rester. C’est vrai que ma famille me manque. Le problème c’est que les frontières australiennes sont fermées donc si tu prends la décision de partir, tu ne peux plus revenir. Pour l’instant je n’ai pas envie de partir. J’ai ma meilleure amie qui va se marier en octobre, donc je suis censé rentrer en France à ce moment-là, en espérant que les frontières vont rouvrir. A part pour cet aller-retour rapide, je ne compte pas revenir en France, du moins pas pour m’installer. Si je dois revenir c’est juste pour revoir ma famille et mes amis. Je ne me vois pas rentrer pour travailler. Je ne me sens pas prête pour ça.  

Quelles sont les choses à faire ou à voir en Australie ?  Que conseilleriez-vous à nos lecteurs ? 

Les road trip ! Ici c’est le pays du road trip. Tu loues une voiture ou un van avec tes potes et tu n’as plus qu’à prendre la route et aller où tu veux. Même si ce n’est que pour un week-end. A deux heures de route de Sydney il y a des endroits absolument magnifiques. Il y a des parcs nationaux absolument partout. Ça, c’est vraiment un truc que je conseille. Il y a aussi des plages incroyables. Pour les amateurs de sensations fortes, tu peux faire un saut en parachute dans un super cadre, personnellement j’en ai fait un et j’ai adoré ! Tu peux aussi faire du snorkeling, c’est-à-dire de la plongée sans bouteille, juste avec ton masque et ton tuba, sur toutes les plages que tu croises parce que l’eau est très claire et il y a une biodiversité sous-marine incroyable.  

 

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