Simone Iff : une Tarnaise pionnière du militantisme féministe

Simone Iff, de son nom de jeune fille Simone Balfet, est née dans le Tarn en 1924. Elle s’est éteinte le 29 décembre 2014. Déjà très jeune, elle a le goût du militantisme et de la culture protestataire. En effet, ses parents sont engagés dans l’aide aux réfugiés et lui transmettent ses convictions.  

Une vie engagée dès le début

De 1939 à 1940, la jeune femme alors âgée de 15 ans fait déjà partie d’un mouvement : la Fédération Française des Associations Chrétiennes d’Etudiants.  Simone tombe enceinte à 18 ans, sans être mariée, ce qui décide ses parents à quitter Sète, préférant fuir le scandale. Cela dit, ils restent proches d’elle.

En 1943, Simone Iff se marie avec Werner Iff, le père de son enfant. avec qui elle s’engage dans la résistance. Elle accouche de sa fille ainée en 1943. Le couple aura finalement 5 enfants.

En 1951, la famille déménage à Paris, dans le quartier de Belleville, où son mari dirige un foyer protestant de détenus en liberté conditionnelle qui devient, en 1955, un foyer de semi-liberté pour adolescents. Celui-ci ferme finalement en 1963, ne répondant plus aux nouvelles normes.

Sa découverte du militantisme féministe

En 1946, Simone intègre le Mouvement des Jeunes Femmes (MJF). L’objectif est de permettre à des femmes protestantes mariées de mettre en œuvre leurs convictions chrétiennes, et surtout,  de se sentir solidaires les unes des autres sur leurs problèmes. A une époque où le sujet est encore tabou, une forte demande d’information sur le contrôle des naissances émerge au sein de ce mouvement. Au fur et à mesure, le Mouvement des Femmes devient un mouvement de promotion et de défense du droit des femmes.

De plus, il participe à la création de la Maternité Heureuse, qui devient finalement, en 1960, le mouvement français pour le planning familial. Simone l’intègre un an après, et ne se contente pas d’y adhérer, mais bien de favoriser l’implication des Jeunes Femmes, en conduisant régulièrement celles-ci, habitant près de chez elle. Le mouvement français pour le planning familial (MFPF) consiste à promouvoir l’équilibre psychologique du couple, et à la santé des femmes. Mais surtout de répondre aux nombreuses question sur le contrôle des naissances, or bien évidemment de manière implicite. En effet, l’information sur ce thème était alors interdite par une loi en vigueur depuis 1920.  De 1970, à 1973, Simone Iff devient secrétaire générale du MFPF.

Son combat pour le droit à l’avortement

Simone s’est fortement investie pour recueillir des signatures pour le Manifeste des 343, une pétition appelant à la légalisation de droit à l’avortement en France. Celui-ci est finalement relayé, en 1971, par les médias et mobilise l’opinion publique. Elle rentre au bureau national du MFPF cette même année et en devient l’une des cinq vice-présidentes, chargée de des relations avec les syndicats.

Elle ne s’arrête pas là. En effet, en 1973, elle cofonde et devient vice-présidente du Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC). Au sein du planning familial, elle soutient la revendication de l’avortement libre et gratuit. De plus, son statut de mère de famille de 5 enfants, affirmant, de plus, avoir eu recours à plusieurs avortements, crédibilise ses convictions. En juin 1973, cet engagement lui permet d’être élue première présidente de MFPF, n’étant pas issue du monde médical. Engageant un tournant politique dans l’association, elle est rapprochée des mouvements féministes, des classes populaires, des syndicats, et aussi des partis de gauche. Elle quittera finalement le bureau national en 1980.

Aujourd’hui, des rues portent son noms à Nantes, Lyon, Issoudun et dans le 12ème arrondissement de Paris. Un pôle de santé est également nommé « Simone Iff » à Alençon.

 

*photo de couverture : Crédits photo Charles Platiau ©

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